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Marché de l’énergie
Les batteries domestiques assureront-elles la viabilité de l’autoconsommation électrique ?

Les batteries domestiques assureront-elles la viabilité de l’autoconsommation électrique ?

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L’électricité décentralisée : utopie ou réalité ? Les avancées constatées dans les domaines de la production autonome et du stockage de l’électricité laissent à penser qu’il s’agit non seulement d’une possibilité, mais d’une solution d’avenir. Quel est l’intérêt des batteries domestiques pour les particuliers ? Sont-elles rentables ? On décrypte !



La batterie domestique : un marché qui met du temps à décoller


La première batterie domestique destinée à stocker suffisamment d’électricité pour alimenter une habitation de manière autonome pendant plusieurs heures a été commercialisée en 2015 par Tesla (l’entreprise californienne qui produit des véhicules électriques) sous le nom de Powerwall.


Cette unité murale peut stocker de l’électricité prélevée sur le réseau en heures creuses pour l’utiliser durant les heures pleines, par exemple. Mais son emploi principal concerne l’énergie produite au moyen de panneaux solaires photovoltaïques, qui peut ainsi être conservée pour des besoins ultérieurs (plutôt que d’être injectée dans le réseau pour devoir ensuite acheter l’électricité nécessaire à la consommation). Cette utilisation est commode sur les sites isolés, mais permet aussi aux particuliers qui revendent leur production de conserver un maximum d’électricité gratuite.


Que des bons points, en tout cas en principe… Car lorsqu’on s’intéresse de plus près au coût d’une batterie domestique, la réalité oblige à relativiser ses bénéfices. Avec un prix qui peut varier entre 2 000 € et plus de 10 000 €, plus l’amortissement des panneaux solaires eux-mêmes, on constate un coût de revient d’environ 0,20 € / kWh (alors qu’EDF applique un tarif de 0,147 0 € en heures creuses et 0,184 1 € en heures pleines en 2023). Face à ce manque de rentabilité, les consommateurs sont encore rares à s’équiper.


Le stockage de l’énergie : un défi qui pourrait faire pencher la balance


Le fait est que le prix de l’électricité n’est pas figé, bien au contraire. En France, 2021 avait vu une hausse des tarifs de plus de 2 %. En février 2022, nous avons assisté à une augmentation de 4 %. Et, en 2023, les prix ont monté de 15 % TTC en moyenne au 1er février, grâce à un bouclier tarifaire qui a évité aux Français de voir leur facture doubler !


Le constat est simple : la France ne possédant pas de solution de stockage de masse à l’heure actuelle, elle n’est pas en mesure de conserver son surplus de production. Or, dans une optique de développement des énergies renouvelables (éolienne et solaire en particulier), cette impossibilité implique un gâchis énorme. En effet, une partie significative de l’électricité produite est disponible au moment où nous en avons le moins besoin : en été (pour les panneaux solaires). Cette production serait pourtant bien utile en plein hiver, où nous devons encore dépendre de l’énergie fossile.


Ajoutons à cela les incertitudes de la situation internationale, et l’on obtient une conjoncture qui pourrait inciter les particuliers à sauter le pas de l’autoproduction électrique et de la batterie domestique afin de se prémunir contre de nouvelles hausses de prix incontrôlables.


Pour nuancer ces propos, il convient de rappeler que la France possède un parc nucléaire conséquent, qui fait d’elle l’une des nations les mieux loties en Europe sur le plan de l’indépendance énergétique. Au Danemark, en Allemagne, ou encore en Grande-Bretagne (où le prix du kWh peut allègrement dépasser 0,30 €), les offres d’autoconsommation photovoltaïques avec une batterie domestique pour le stockage s’avèrent de plus en plus alléchantes. On s’attend par ailleurs à voir le prix des batteries Lithium-Ion baisser, notamment grâce à la généralisation qui s’opère au niveau des véhicules électriques.


La batterie domestique : un outil central du monde de demain


Bien qu’elles soient, à l’heure actuelle, inamortissable en France par rapport à leur durée de vie d’une dizaine d’années, les batteries domestiques ont bel et bien un avenir. Les réseaux électriques semblent en effet évoluer vers un modèle qui intègre le consommateur en le faisant participer à différents niveaux. Qu’il s’agisse d’adapter les consommations (notamment grâce à l’effacement), de produire de l’électricité et/ou de consommer leur propre production, les particuliers ont leur rôle à jouer.


Les batteries domestiques, quant à elles, pourront faire office de « tampon » sur un réseau intelligent (smartgrid) capable de moduler les flux d’énergie en fonction de la demande et de la quantité d’électricité disponible. D’ailleurs, l’ensemble des batteries mobilisables pourraient être mises à contribution de cette manière, y compris celles des voitures électriques branchées et en stationnement. Cette solution n’est pas uniquement envisageable à grande échelle : plutôt que de devoir investir dans une batterie domestique, les particuliers pourraient profiter de la batterie de leur véhicule pour alimenter leur maison en soirée, puis recharger leur voiture la nuit, en heures creuses. Un moyen simple de faire des économies même sans panneaux solaires ou batterie domestique dédiée !


Dans un monde où l’électrification est imminente, le stockage de l’énergie sera l’un des plus grands enjeux, et ce, à toutes les échelles. Si la batterie domestique n’est pas encore rentable aujourd’hui, elle participera demain à un modèle énergétique transformé, où les sources d’électricité renouvelables occuperont le devant de la scène et où les énergies fossiles seront délaissées pour de bon.

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